- Portland International Airport (Portland, Oregon, USA)
- Reno/Tahoe International Airport (Reno, Nevada, USA)
Ambiance tendue ce matin chez Flightcraft.
Rassemblés dans l'atmosphère cossue de la salle de préparation, entre les ordinateurs, le billard, la grande télé câblée et les larges fauteuils de relaxation en cuir, nous tenons un conseil de crise. En effet, pendant que chacun vaquait à ses occupations, préparation du vol, sirotage de café, dégustation de cookies ou partie de billard, Marc-Olivier est sorti sur le tarmac pour aller faire la prévol du Duchess. C'est pendant ce rituel indispensable qu'il a remarqué que les bouts de pâles de l'hélice droite étaient assez fortement pliés et rabotés : elle a manifestement heurté quelque chose alors qu'elle était en rotation. Nous ne saurons jamais exactement comment c'est arrivé, mais l'explication la plus probable est que nous ayons touché des gravats en traversant les zones en travaux des taxiways de Portland, la veille.
En attendant l'arrivée du mécano, qui se déplace aimablement un dimanche (aimablement, mais pas gratuitement), nous débattons de la suite des évènements. Il faut appeller Gus, le propriétaire du Duchess, et le club. Il faut décider de comment organiser la suite du voyage dans l'hypothèse tout à fait plausible où le Duchess est immobilisé à Portland pour plus de temps que ne vont durer nos vacances. Marc-Olivier est stressé : dans tous les cas, en tant qu'instructeur, il est responsable théoriquement de l'incident. Joël est moi sommes embêtés, car c'est certainement l'un de nous deux qui a fait la bêtise. Et toute cette tension ambiante déteint sur le moral du reste du groupe qui finalement ne sait plus non plus quoi dire ni quoi penser.
Finalement, le mécano nous informe qu'il ne peut rien dire sans démonter le moteur pour vérifier qu'il n'y a pas d'autres dégats invisibles. C'était prévisible. Certains ne sont pas contre en profiter pour faire de cette journée une vraie off, sans vol, et se laisser le temps de la réflexion avant de repartir. Mais Marc-Olivier a besoin de voler pour chasser le désagréable arrière goût que lui laisse cette mésaventure, et même nous dit-il, il a envie de partir le plus loin possible, maintenant, tout de suite.
Il en sera donc ainsi, pas de journée off, mais le vol sans escale le plus long de tout le séjour : Portland - Reno, 750 kilomètres, plus de quatre heures en un coup d'aile.
Rassemblés dans l'atmosphère cossue de la salle de préparation, entre les ordinateurs, le billard, la grande télé câblée et les larges fauteuils de relaxation en cuir, nous tenons un conseil de crise. En effet, pendant que chacun vaquait à ses occupations, préparation du vol, sirotage de café, dégustation de cookies ou partie de billard, Marc-Olivier est sorti sur le tarmac pour aller faire la prévol du Duchess. C'est pendant ce rituel indispensable qu'il a remarqué que les bouts de pâles de l'hélice droite étaient assez fortement pliés et rabotés : elle a manifestement heurté quelque chose alors qu'elle était en rotation. Nous ne saurons jamais exactement comment c'est arrivé, mais l'explication la plus probable est que nous ayons touché des gravats en traversant les zones en travaux des taxiways de Portland, la veille.
En attendant l'arrivée du mécano, qui se déplace aimablement un dimanche (aimablement, mais pas gratuitement), nous débattons de la suite des évènements. Il faut appeller Gus, le propriétaire du Duchess, et le club. Il faut décider de comment organiser la suite du voyage dans l'hypothèse tout à fait plausible où le Duchess est immobilisé à Portland pour plus de temps que ne vont durer nos vacances. Marc-Olivier est stressé : dans tous les cas, en tant qu'instructeur, il est responsable théoriquement de l'incident. Joël est moi sommes embêtés, car c'est certainement l'un de nous deux qui a fait la bêtise. Et toute cette tension ambiante déteint sur le moral du reste du groupe qui finalement ne sait plus non plus quoi dire ni quoi penser.
Finalement, le mécano nous informe qu'il ne peut rien dire sans démonter le moteur pour vérifier qu'il n'y a pas d'autres dégats invisibles. C'était prévisible. Certains ne sont pas contre en profiter pour faire de cette journée une vraie off, sans vol, et se laisser le temps de la réflexion avant de repartir. Mais Marc-Olivier a besoin de voler pour chasser le désagréable arrière goût que lui laisse cette mésaventure, et même nous dit-il, il a envie de partir le plus loin possible, maintenant, tout de suite.
Il en sera donc ainsi, pas de journée off, mais le vol sans escale le plus long de tout le séjour : Portland - Reno, 750 kilomètres, plus de quatre heures en un coup d'aile.
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Nous décollons de la piste 21, la "petite" piste qui coupe presque perpendiculairement la grande 28 gauche où se bouscule toujours le trafic commercial. D'une part elle nous oriente vers le sud et notre destination, et aussi elle nous évite de trop rouler entre le parking et le point d'arrêt.
Le ciel est bouché par un pesant plafond gris, mais l'étude météo nous a montré que le temps se dégage vers le sud : nous avons bon espoir de trouver un trou pour passer au dessus de la couche avant que les contreforts des Cascades nous forcent à prendre de l'altitude. Au pire, nous pourrons faire un détour suivant la plaine jusqu'à atteindre le temps forcément plus clément du nord de la Californie. A Reno, dans les étendues désertiques du Nevada, il n'y a de toute façon jamais un nuage.
Comme pressenti, nous avons du abandonner le Duchess dans un hangar de Flightcraft. Nous ne le reverrons plus du voyage, dommage pour mon initiation au multimoteur / train rentrant / calage variable. Nous nous sommes donc entassés dans les vaillants Cessnas, trois personnes et leurs bagages par avion : Marc-Olivier, Georges et Alex dans "droopy", le N9488G auquel les saumons d'ailes, qui se courbent vers le bas, donnent un air un peu triste ; Joël, Bertrand et Fred dans le cockpit suréquipé du luxueux N487SP ; et Vincent, Patrick et moi dans ce bon vieux camarade, le N4975F.
C'est Patrick qui pilote, Vincent et à coté de lui et je suis bien calé à l'arrière entre deux grosses valises et une pile de cartes. La campagne verte et humide de l'Oregon glisse avec monotonie sous nos ailes, mal éclairée par un soleil qui filtre difficilement au travers de la chape de nuages. Sur la radio 1, les fréquences de flight following s'égrainent tranquillement, efficacement. Sur la radio 2 réglée sur 123.45 Mhz, nous discutons avec les autres avions, échangeant informations aéronautiques ou météorologiques autant que commentaires touristiques.
Nous passons rapidement au dessus de la couche. Satisfaits de voir notre plan se dérouler sans accroc, nous continuons vers le sud, cette fois entre un ciel bleu brillant et un tapis de nuages inégal qui se déchire en tranchées effilochées, laissant parfois apparaitre des morceaux de paysage.
"Eh ben, j'ai jamais fait autant de on top !" remarque Patrick, amusé.
A l'arrière, j'ai dégotté l'iPod de Vincent et je l'ai branché à mon nouveau casque Zulu. C'est assez tripant d'écouter Girl Talk à 8000 pieds, en frôlant du bout des doigts les franges éparpillées des nuages. Peu à peu, la couche se morcelle, et quand nous retrouvons les familières courbes boisées des Cascades, nous sommes seulement entourés de quelque cumulus posés ça et là, s'accrochant parfois à une barre rocheuse qui jaillit de la forêt, grise et fière.
Bien que nous poussions l'endurance du Cessna à sa limite - et nous recalculons plusieurs fois notre autonomie restante, recoupant informations manuscrites et données GPS, pour nous assurer qu'il n'est pas nécessaire de faire un pit stop - nous nous offrons un court crochet pour aller admirer Crater Lake. Avec Vincent, nous l'avions déjà survolé en 2008, alors qu'il était voilé par les fines fumées d'incendies proches. Aujourd'hui, le lac qui remplit la vaste caldera est d'un bleu éblouissant, pur et lisse, dont la teinte est encore accentuée par le blanc des étendues de neige qui parsèment ses abords escarpés. Nous ne pouvons pas nous attarder, et nous reprenons notre route vers le sud en longeant Klamath Lake, puis l'aéroport de Klamath Falls où Marc-Olivier, Alex et Georges ont posé le 88G pour faire le plein, inquiets d'une consommation d'essence plus rapide que prévue.
Le ciel est bouché par un pesant plafond gris, mais l'étude météo nous a montré que le temps se dégage vers le sud : nous avons bon espoir de trouver un trou pour passer au dessus de la couche avant que les contreforts des Cascades nous forcent à prendre de l'altitude. Au pire, nous pourrons faire un détour suivant la plaine jusqu'à atteindre le temps forcément plus clément du nord de la Californie. A Reno, dans les étendues désertiques du Nevada, il n'y a de toute façon jamais un nuage.
Comme pressenti, nous avons du abandonner le Duchess dans un hangar de Flightcraft. Nous ne le reverrons plus du voyage, dommage pour mon initiation au multimoteur / train rentrant / calage variable. Nous nous sommes donc entassés dans les vaillants Cessnas, trois personnes et leurs bagages par avion : Marc-Olivier, Georges et Alex dans "droopy", le N9488G auquel les saumons d'ailes, qui se courbent vers le bas, donnent un air un peu triste ; Joël, Bertrand et Fred dans le cockpit suréquipé du luxueux N487SP ; et Vincent, Patrick et moi dans ce bon vieux camarade, le N4975F.
C'est Patrick qui pilote, Vincent et à coté de lui et je suis bien calé à l'arrière entre deux grosses valises et une pile de cartes. La campagne verte et humide de l'Oregon glisse avec monotonie sous nos ailes, mal éclairée par un soleil qui filtre difficilement au travers de la chape de nuages. Sur la radio 1, les fréquences de flight following s'égrainent tranquillement, efficacement. Sur la radio 2 réglée sur 123.45 Mhz, nous discutons avec les autres avions, échangeant informations aéronautiques ou météorologiques autant que commentaires touristiques.
Nous passons rapidement au dessus de la couche. Satisfaits de voir notre plan se dérouler sans accroc, nous continuons vers le sud, cette fois entre un ciel bleu brillant et un tapis de nuages inégal qui se déchire en tranchées effilochées, laissant parfois apparaitre des morceaux de paysage.
"Eh ben, j'ai jamais fait autant de on top !" remarque Patrick, amusé.
A l'arrière, j'ai dégotté l'iPod de Vincent et je l'ai branché à mon nouveau casque Zulu. C'est assez tripant d'écouter Girl Talk à 8000 pieds, en frôlant du bout des doigts les franges éparpillées des nuages. Peu à peu, la couche se morcelle, et quand nous retrouvons les familières courbes boisées des Cascades, nous sommes seulement entourés de quelque cumulus posés ça et là, s'accrochant parfois à une barre rocheuse qui jaillit de la forêt, grise et fière.
Bien que nous poussions l'endurance du Cessna à sa limite - et nous recalculons plusieurs fois notre autonomie restante, recoupant informations manuscrites et données GPS, pour nous assurer qu'il n'est pas nécessaire de faire un pit stop - nous nous offrons un court crochet pour aller admirer Crater Lake. Avec Vincent, nous l'avions déjà survolé en 2008, alors qu'il était voilé par les fines fumées d'incendies proches. Aujourd'hui, le lac qui remplit la vaste caldera est d'un bleu éblouissant, pur et lisse, dont la teinte est encore accentuée par le blanc des étendues de neige qui parsèment ses abords escarpés. Nous ne pouvons pas nous attarder, et nous reprenons notre route vers le sud en longeant Klamath Lake, puis l'aéroport de Klamath Falls où Marc-Olivier, Alex et Georges ont posé le 88G pour faire le plein, inquiets d'une consommation d'essence plus rapide que prévue.
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Finalement, nous serons les premiers à nous poser à l'aéroport de Reno/Tahoe International (pas le terrain de Reno/Stead, où ont lieu les fameuses Reno Air Races).
Il y a pas mal de vent, et à l'ouverture des portes du Cessna, nos cartes et autres paperasses essayent de nous fausser compagnie, obligeant Patrick et une sympathique dame du FBO à galoper sur les parkings pour les rattraper dans une séquence digne de Benny Hill. Hilare, Vincent filme évidemment la scène.
Le SP nous rejoint peu après, le 88G se fait attendre (au point même de nous inquiéter un peu). Nous patientons sous un ciel sans nuages qui se teinte doucement des couleurs métalliques du crépuscule, en regardant les Boeings 737 de Southwest qui atterrissent et décollent sans arrêt. Ils déplacent moult touristes venus profiter des casinos de cet espèce de mini Las Vegas qui, nous nous en apercevrons ce soir, est surtout fréquenté par des personnes âgées.
Il y a pas mal de vent, et à l'ouverture des portes du Cessna, nos cartes et autres paperasses essayent de nous fausser compagnie, obligeant Patrick et une sympathique dame du FBO à galoper sur les parkings pour les rattraper dans une séquence digne de Benny Hill. Hilare, Vincent filme évidemment la scène.
Le SP nous rejoint peu après, le 88G se fait attendre (au point même de nous inquiéter un peu). Nous patientons sous un ciel sans nuages qui se teinte doucement des couleurs métalliques du crépuscule, en regardant les Boeings 737 de Southwest qui atterrissent et décollent sans arrêt. Ils déplacent moult touristes venus profiter des casinos de cet espèce de mini Las Vegas qui, nous nous en apercevrons ce soir, est surtout fréquenté par des personnes âgées.
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