Nous sommes maintenant tous membres de Plus One, les trois avions sont réservés pour les dix jours à venir, et nous avons tous une licence FAA "pending".
On est presque prêts à partir.
Eh oui, presque. Il reste deux formalités à régler.
Ce mardi, tout le monde debout à 6h00. On se douche, on s'habille, on rassemble les bagages et on se retrouve dans le hall de l'hôtel à 6h30. A 7h00, nous déchargeons les bagages de la Prius pour les caler dans les soutes des avions. Et à 8h00, nous sommes rassemblés autour du petit déjeuner dans un restaurant près du terrain de Montgomery Field.
Nous planifions la journée en dégustant un indispensable café accompagné de pancakes au sirop de maïs. Et pas d'érable nous expliquent les Canadiens, piqués au vif.
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Premier objectif de la journée, le vol de lâché pour Vincent et moi.
La pratique est habituelle et se résume à un court vol d'instruction, trois tours de piste et quelques exercices simples, dans le but de confirmer la capacité du pilote à utiliser un type d'avion. Aux Alcyons par exemple, il est obligatoire d'être re-lâché avant de prendre en solo un type d'avion qu'on a pas piloté pendant plus de deux mois. Une simple formalité.
Sauf que là, on est à San Diego, qu'à la radio tout le monde parle en anglais, que les réglementations et les cartes ne sont pas familières, et que je n'ai que rarement volé sur Cessna.
Heureusement que c'est Marc-Olivier, intronisé instructeur Plus One la veille, qui va nous lacher. C'est un stress en moins de pouvoir faire ce vol avec un ami francophone plutôt qu'un instructeur californien à l'accent US impénétrable.
Nous nous retrouvons autour de notre avion, le Cessna 172 N4975F. Marc-Olivier nous expose quelques particularités pendant une prévol rapide (il nous avait déjà briefé pendant les BFRs, je vais y revenir) et nous nous installons à bord. Nous allons décoller de Montgomery et partir faire quelques tours de piste à Ramona, un petit aérodrome à vingt minutes de vol.
Vincent est le premier aux commandes. Je suis en place arrière et je profite du survol de la Californie du sud. Nous décollons vers l'ouest, survolons un bout d'océan Pacifique et contournons par le nord le grand terrain militaire de Miramar (le terrain de Top Gun). Cap à l'est vers Ramona, les vastes lotissements des suburbs de San Diego se dispersent, laissant place à un paysage plus désertique. Vers le nord, les nuages bleutés des entrées maritimes viennent s'accrocher aux reliefs.
J'essaye de comprendre ce qui se passe à la radio. Dans l'ensemble, c'est plutôt compréhensible, à condition d'être attentif. Vincent a déjà une certaine expérience en la matière, tant due aux vols réels qu'à des heures de simu sur Flight Simulator / IVAO, et il s'en sort très bien. Il y a bien quelques cafouillages, en particulier au moment de faire comprendre nos intentions au contrôleur de Ramona, au point que celui-ci se demande si nous ne nous sommes pas trompés de terrain. Mais (avec un coup de pouce de Marc-Olivier) nous nous intégrons dans le circuit et Vincent effectue ses tours de piste.
Il y a des pompiers basés à Ramona. Sur le parking, nous apercevons un Bronco d'observation et quelques Trackers bombardiers d'eau, ainsi que les silhouettes familières de deux Canadairs québécois venu prêter main-forte aux pompiers californiens. En effet, la Californie est régulièrement le théâtre de feux de forêt qui font passer les incendies de la pinède provençale pour de vulgaires barbecues de jardin.
Vincent se gare sur le run-up (un espace du terrain à l'entrée de la piste utilisé pour effectuer les essais moteurs avant décollage) et, moteur tournant, nous échangeons nos places.
A mon tour, je fais des tours de piste au dessus d'un terrain américain. Pas facile. Je n'ai pas l'habitude des Cessnas, de la manette des gaz centrale et unique qui m'oblige à piloter de la main gauche, du volant qui remplace le manche des Robins, de la vitesse indiquée en nœuds, des volets électriques... J'ai l'impression de revenir à mes premières leçons. Mais le plus dur, c'est le retour à Montgomery. Piloter l'avion, essayer de comprendre la carte, regarder dehors pour voir où je suis, décider par où passer pour rentrer, identifier les zones à éviter... En bon instructeur, Marc-Olivier me met en plus un peu la pression. Je ne me rappelle même pas si je me suis occupé de la radio. Sans doute pas complètement.
Après quelques 360° hésitants et une longue finale alors que la contrôleuse attendait un rapprochement suivi d'une base, je pose l'avion à Montgomery. Nous coupons le moteur dans l'allée, conformément au indications du safety briefing, et poussons notre Cessna à sa place.
Il est 11h30. Vincent et moi sommes lâchés sur Cessna 172, et nous remplissons fièrement la première ligne américaine de notre carnet de vol.
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La journée est loin d'être finie.
D'abord, Marc-Olivier doit s'occuper des lâchers et des BFR des Alex et de Christophe.
Ah oui, les BFR.
Avoir une licence de pilote est indispensable pour pouvoir voler aux USA (logique). Néanmoins, pour ré-activer (ou activer en l'occurrence) les privilèges attenants (piloter, emmener des passagers...), il faut effectuer tous les deux ans un vol avec instructeur.
A la fois pour limiter le nombre de choses à faire sur place que pour pouvoir faire ce vol en français, Vincent et moi avons anticipé ce Biennal Flight Review et avons déniché un Cessna à Auxerre. Nous avons alors pu consacrer une journée pour nous rendre en Bourgogne et nous débarasser de cette obligation avant le départ de France, déjà avec Marc-Olivier à l'instruction.
Ce n'est pas le cas de nos camarades qui embarquent donc pour trois heures de vol (une heure par pilote).
Je n'ai pas les détails de ce vol qui les emmène au dessus de la baie de San Diego, car pendant ce temps, Vincent et moi ramenons la Toyota Prius chez Hertz à l'aéroport international de San Diego.
Quand nous nous retrouvons tous à Montgomery quelques heures plus tard, nous sommes enfin prêts à partir. Direction : San Francisco.
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