- Vancouver International Airport (Vancouver, Bristish Columbia, Canada)
- Portland International Airport (Portland, Oregon, USA)
Aujourd'hui, c'est une journée off. Une journée off, en jargon Farwest, c'est une journée où on vole moins, où on dors plus, et où on profite un peu de la ville dans laquelle on a atterri.
Nous nous levons donc vers 9h00 et prenons les voitures de location pour rejoindre le Zen, une échoppe réputée de Vancouver, où nous dégustons tranquillement un petit déjeuner à base d'eggs benedict.
Puis nous nous mettons en quête d'une laverie. Premier essai, la laverie/café internet qui déjà l'an dernier, ne faisait plus internet. Cette année, ce n'est plus qu'une bâtisse désaffectée. Pas grave, dans une ville de cette taille, trouver une laverie ne devrait pas poser de problème. Marc-Olivier nous guide chez un autre commerçant qu'il connait, dans une rue animée de Vancouver. Las ! La vitrine est couverte par une grande bâche bleue et une banderole nous annonce "Jackson's is back soon!". Sûrement pas soon enough pour nous. Nous rembarquons dans les voitures, pour nous rendre compte que finalement, même dans une ville de cette taille, ce n'est pas si évident de dénicher une laverie.
Et à midi, après avoir tournicoté dans tous les sens dans les larges rues à angles droits, nous finissons par en trouver une sous un McDonald's. De grosses machines à laver beiges ronronnent en faisant tourbillonner nos vêtements dans un ballet de bulles de savon. Sur des tables en métal usé habituées à accueillir des paniers de linge sale, nous déplions nos cartes, programmons nos GPS, étalons nos règles, logs de nav et stylos... Nous préparons le vol du jour dans une odeur moite de lessive.
Nous nous levons donc vers 9h00 et prenons les voitures de location pour rejoindre le Zen, une échoppe réputée de Vancouver, où nous dégustons tranquillement un petit déjeuner à base d'eggs benedict.
Puis nous nous mettons en quête d'une laverie. Premier essai, la laverie/café internet qui déjà l'an dernier, ne faisait plus internet. Cette année, ce n'est plus qu'une bâtisse désaffectée. Pas grave, dans une ville de cette taille, trouver une laverie ne devrait pas poser de problème. Marc-Olivier nous guide chez un autre commerçant qu'il connait, dans une rue animée de Vancouver. Las ! La vitrine est couverte par une grande bâche bleue et une banderole nous annonce "Jackson's is back soon!". Sûrement pas soon enough pour nous. Nous rembarquons dans les voitures, pour nous rendre compte que finalement, même dans une ville de cette taille, ce n'est pas si évident de dénicher une laverie.
Et à midi, après avoir tournicoté dans tous les sens dans les larges rues à angles droits, nous finissons par en trouver une sous un McDonald's. De grosses machines à laver beiges ronronnent en faisant tourbillonner nos vêtements dans un ballet de bulles de savon. Sur des tables en métal usé habituées à accueillir des paniers de linge sale, nous déplions nos cartes, programmons nos GPS, étalons nos règles, logs de nav et stylos... Nous préparons le vol du jour dans une odeur moite de lessive.
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Aujourd'hui, Joël a préféré embarquer dans un Cessna pour aller survoler les hautes tours du centre de Vancouver, me laissant seul avec Marc-Olivier à bord du Duchess pour mon premier vol IFR. C'est un vol d'initiation, 200 milles nautiques plein sud à destination de Portland. Tout va très vite : la préparation a été plutôt succincte, et je suis un peu perdu au milieu toutes ces cartes de départs et d'arrivées aux instruments. C'est Marc-Olivier qui s'occupe de la radio, et c'est pas plus mal car je n'ai pas la moindre idée de ce qu'il faut demander à la clearance delivery. Je m'applique à jouer des manettes des gaz pour diriger le bimoteur dans le dédale des taxiways de CYVR.
Je nous stoppe au point d'arrêt et Marc-Olivier effectue rapidement les essais moteurs. Puis vient le fameux ready to copy, où le contrôleur nous dicte les détails de notre départ IFR. Je griffonne comme je peux la série de points de reports, de caps, d'altitudes et de fréquences, et j'en rate la moitié. Marc-Olivier collationne : il a tout compris lui. Je ressens cette euphorie du début d'apprentissage, quand on est en pleine forme au pied de la montagne, et qu'on regarde le long chemin à parcourir avec un sourire conquérant. Il y a tant de choses passionnantes à apprendre...
Aligné au seuil de la 08 droite, je pousse les deux manettes de gaz au tableau. Les moteurs rugissent et le Duchess nous plaque aux dossiers, prend rapidement de la vitesse, et s'élève vers le ciel chargé de nuages. Pour la deuxième fois, je vérifie l'attitude de l'avion, une fois sur le vario, et deux fois sur l'altimètre, puis je rentre le train. Un geste simple, juste un levier à pousser, mais tellement jouissif pour un pilotaillon de mon expérience.
En suivant les indications de Marc-Olivier, qui gère toujours la radio, je déroule les étapes du départ que me contrôle nous a dicté, effectuant un large virage vers le sud et traversant les nuages éparpillés en grimpant vers l'altitude de croisière. J'apprends à régler le pilote automatique (encore une première), un petit ajustement de calage des hélices et de mixture et... Il n'y a plus rien à faire. L'avion glisse tranquillement, sagement, à 10000 pieds, au dessus d'une couche de nuages de plus en plus soudée qui se transforme peu à peu en une étendue immaculée, ondulée et infinie. Sans repères proches, l'impression de vitesse disparait, et on a juste l'impression d'être suspendus immobiles entre le blanc des nuages et le bleu du ciel, bercés par le ronronnement rassurant des moteurs.
Nous prenons le temps de discuter des étapes du départ IFR qui m'ont échappées, de découvrir des pages méconnues du GPS. Maintenant que c'est plus calme, j'ai récupéré la radio. Et en croisière, ce n'est pas très différent du flight following VFR.
"03E, contact Seattle Center on xxx. Good day.
xxx, Seattle Center for 03E, goodbye."
Et c'est tout.
A 160 nœuds, on arrive vite. Le contrôle nous autorise à descendre vers 6000 pieds, puis 3000 pieds. Il faut passer à travers la couche, et c'est une autre première fois. J'ai déjà fait du VSV (Vol Sans Visibilité) simulé, avec les lunettes et la casquette, mais là c'est pour de vrai. Je déconnecte le pilote automatique et stabilise l'avion en descente à 500 pieds/minutes, plus ou moins. La couche se rapproche lentement, les excroissances cotonneuses qui s'élèvent vers le bleu profond prenant du relief au fur et à mesure que nous descendons... Et d'un seul coup tout est gris autour de nous. J'essaye de rester concentré sur les instruments et d'ignorer les illusions sensorielles provoquées par les mouvements tourbillonnants des filaments de nuages qui se désagrègent le long de la carlingue. Je suis convaincu que je suis en train de tourner à droite et pousse le volant à gauche instinctivement. Mais non, les instruments ne mentent pas, je vole droit dans la masse grise. Marc-Olivier a repris la radio, et me dispense en même temps des conseils dont je ne me souviens pas. Le vario s'emballe, -1000 pieds/minute. Je tire doucement sur les commandes, et il passe à -500, -100, 0... Je pousse un peu, m'aperçoit que l'horizon artificiel penche a gauche, ajuste l'inclinaison, réduit un peu les gaz... C'est pas évident !
Et brusquement, on émerge au dessus des vallons vert sombre de l'Oregon. Au loin, des rayons de soleil traversent le matelas nuageux en rais dorés. Immédiatement, avec soulagement, je repasse en pilotage à vue. J'ai eu l'impression que ça a duré une éternité, Marc-Olivier me dira que c'était au plus cinq minutes.
L'une des deux grandes pistes de Portland est en travaux, et le trafic sur la seconde est très dense. La radio est encombrée de messages de liners de toutes les tailles qui décollent et atterrissent sur l'aéroport international. Le contrôleur nous demande de faire une approche courte, et je laisse prudemment les commandes à Marc-Olivier, qui pose l'avion magistralement entre un Dash-8 et un Boeing 737.
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Nous nous garons chez Flighcraft et bouclons les formalités douanières.
Puis, Icom à la main, nous écoutons les arrivées des Cessnas qui peinent un peu à en placer une au milieu de l'intense trafic radio. L'un après l'autre, ils nous rejoignent sur le parking. Ils débarquent comme toujours avec un large sourire sur les lèvres.
Les soleil se couche sur Portland, colorant le bitume du tarmac de reflets ambrés. Encore une fois, le rideau tombe sur une superbe journée, pleine de souvenirs et de nouvelles expériences.
On en est à la moitié du voyage.